samedi 17 mars 2018

Mika sur le 80 km de l'Ecotrail Paris

Quand je me suis inscrit sur ce trail c'était dans l'idée de me redonner un défi suite à mes regrets sur le trail de Sens, j'ai été servi…

Départ de la maison à 8h15, voiture, métro, RER, j'arrive enfin sur la base de départ à Saint-Quentin-en-Yvelines, il est 10h30. Il fait froid et humide mais il y a un bonne ambiance. Dernière préparations, sac laissé en consigne, je rentre dans le sas de départ et go, 12h15, c'est parti.


Le départ se fait dans un vrai champ de patates puis nous récupérons les chemins de l'île de loisir de Saint-Quentin. Tout va bien, c'est roulant, j'essaye de ne pas aller trop vite : la journée va être longue. D'un coup il commence à neiger, j'hallucine, mais c'est sympa. il y a un peu de boue mais ça va (paroles que je vais regretter plus tard lol). Je rencontre un gars sympa avec qui j'ai couru sur le Trail des Villes Royales il y a un mois, ça discute jusqu'au ravito au 22e km à Buc (2h16). Les sensations sont excellentes, tout va bien. Je mange un bout, j'ai perdu mon pote, je repars.

Là le profil change on attaque dans de la côte pas très longue, genre 600-800 m mais bien raide. c'est les montagnes russes (en même temps va bien falloir les faire un jour les 1500m de D+ prévus). j'avale les côtes et les descentes assez facilement je suis content mais peu après c'est le drame (moment mélodramatique avec la musique qui va avec mdr). Dans les bois c'est le bourbier… je vois des mecs qui perdent leurs chaussures, des glissades dans les descentes… bref la gadoue. le rythme ralentit fortement, il y a des bouchons sur les singles, le temps passe et le ravito du 45e km ne se rapproche pas vite. Là je comprends que les chronos ne vont pas être ceux espérés. Et pour bien en remettre une couche avec la neige (sans mauvais jeux de mots), le froid et l'humidité s'installent correctement. Mais j'ai toujours le moral et petit à petit j'arrive au ravitaillement à Meudon au 46e km à ma montre (5h44). Le temps a dégringolé j'avance pas… C'est pas grave au vu du merdier sur les chemins je ne pense qu'à l'arrivée au premier étage de la tour.

Sur le ravitaillement c'est la dépression… Tout le monde a froid, fait la gueule, râle car ce n'est qu'un ravito en eau. Une femme pleure à côté de moi et son mari la rassure en lui disant que c'est pas grave. NON MAIS ÇA VA PAS ? Ils veulent tuer ma motivation ou quoi? Pour la peine je me casse direction le ravito du 57e !

Hé bien c'est la misère, je marche beaucoup, ça glisse en montée, ça glisse en descente, je vide mes chaussures remplies d'eau, de boue et de cailloux. Pas trop de souvenirs sur cette portion, je suis dans le dur, je me mets dans ma bulle et j'avance tant bien que mal. J'arrive de nuit à Chaville, ravito au 57e km (7h42), il fait nuit j'ai froid. À force de jouer l'équilibriste dans la boue j'ai mal au genou gauche et aux adducteurs. Je bois un litre de soupe et j'appelle ma femme. Sa voix me redonne le moral, merci mon amour. Un message sur WhatsApp pour les copains qui m'encouragent (merci à tous !!!) Allez c'est reparti regonflé à bloc !


12 km à faire jusqu'au Parc de Saint-Cloud et je sais qu'après fini la boue, c'est les quais de seine. Mais franchement là c'était la misère totale… un bourbier sans nom… Obligé de s'arrêter plusieurs fois pour vider les chaussures, de se pousser dans les côtes pour s'aider à monter tellement ça glisse… c'était de pire en pire. Même en arrivant dans le Parc jusqu'au ravito c'était la merde, des habitués de l'évènement n'avaient jamais vu le parc dans cet état. Une dernière belle grimpette boueuse dans le parc et le ravito est là au 69e km (10h04). Je prends mon temps, je discute et plaisante avec un bénévole. Et d'ailleurs grosse pensée à eux car si nous avons eu froid, les bénévoles aussi, mais, ils ont été formidables et souriants malgré tout !!!

Je sors du parc et là, les quais de Seine, je n'ai jamais été aussi content de retrouver du bitume lol. Je m'assois sur un banc, enlève mes chaussures et chaussettes. je nettoie tout comme je peux, je remets le tout (beurk) et c'est parti. je vais alterner course et marche, j'ai mal au genou gauche, sûrement une tendinite. Et là vers minuit je vois la belle qui scintille pour moi. Je remonte des quais et j'arrive au pied de la dame de fer. Il y a plein de monde ça me choque d'ailleurs ça fait des heures qu'on ne voit quasiment pas de monde. C'est une haie d'honneur et d'encouragement. L'émotion m'envahit, j'ai des ailes, je me remets à courir. Sans m'en rendre compte je monte les marches de la Tour Eiffel !!! Je suis gonflé à bloc et j'arrive même à doubler du monde. J'arrive au premier étage, je marche sur le tapis rouge (version crade lol) et je passe l'arche.

80 km en 11h57min48s.

Médaille, tee-shirt finisher et un demi. Ça y est je m'en rends compte : c'est fini.


Je crois que j'ai passé cette ligne avec la même fierté que lorsque j'ai passé celle de la Saintélyon. Je n'aurais jamais pensé souffrir autant sur un « trail parisien ». Certes les conditions étaient mauvaises, mon chrono n'est pas celui que j'attendais mais c'est tout simplement un trail.

Merci à tous pour vos encouragements, à bientôt sur les chemins.

Mika