En voici le compte-rendu de Patrice. :-)
Trail des Allobroges
Distance : 65 km
Dénivelé : 5000 m en D+ et D-
Parcours très exigeant, un des plus difficiles et techniques en France. Réservé à des trailers expérimentés et entraînés comme Xavier, Christophe et son beau frère.
Trail des Crêtes
Distance : 38 km (en réalité 39,5)
Dénivelé : 2500 m en D+ et D- (en réalité 2700)
Moins long, moins de dénivelé mais malgré tout très exigeant et technique. Benjamin, Jennifer et moi étions de la partie.
Rendez-vous était donné pour le weekend de la pentecôte.
Nous nous retrouvons le samedi, pour le traditionnel retrait des dossards. C’est un moment toujours sympa, qui marque l’entrée dans la course. On regarde les tracés, on vérifie les dénivelés, et on se dit que le menu sera quand même dur à digérer.
Xavier qui avait participé à l’édition précédente nous montre les collines qui nous entourent et que nous traverserons le lendemain. On devine déjà que les dénivelés vont être sévères.
Le soir on se retrouve autour d’un bon plat de pâtes, et on parle de … trail bien sûr. Xavier qui dispose maintenant d’une grande expérience, nous raconte sa course de l’année dernière lors de laquelle il avait souffert de la chaleur et de la technicité du parcours.
Je vous rassure de suite, il s’est bien rattrapé. Il a été énorme de facilité, en se classant 50e sur 128 arrivants. Cette épreuve a été marquée par 30% d’abandons.
Notre cher Christophe connaîtra aussi quelques déboires sur cette course qu’il ne terminera malheureusement pas. Sa forme du moment ne lui permet pas d’avoir l’énergie suffisante pour passer la dernière barrière horaire dans les temps. Il aura malgré tout parcouru plus de 50 km sur les 65 km prévus au menu. Son beau frère terminera également la course tout juste dans les délais.
Bravo à tous les trois. C’était un parcours très exigeant, l’une des courses les plus difficiles.
Jennifer, Benjamin et moi étions sur la course plus modeste proposant quand même presque 40 km et 2700 m de dénivelé au programme.
Benjamin avait décidé de faire la course avec sa femme, Jennifer. Je fais le départ avec eux, puis dès les premières pentes je me retrouve isolé et fais la course tout seul.
Je sais qu’il faut gérer les deux premiers cols sans se mettre dans le rouge. Je monte à mon rythme, sans me mettre dans le rouge et essaie d’aborder les descentes en souplesse. Très vite je suis limité dans les descentes par le manque de technique, je me fais doubler par des fous furieux qui dévalent les pentes avec une facilité déconcertante.
A mi-course nous abordons la montée vers la pointe d’Hirmentaz. La montée est longue, raide, éprouvante ; je la gère sereinement. La descente qui suit fait mal aux cuisses. Elle est technique et raide.
Pas de répit, à peine la descente avalée il faut avaler la montée vers la pointe de Miribel. C’est une montée énorme à travers les alpages, en ligne droite. Chaque coureur a le visage marqué par la fatigue, la douleur. Les pas sont petits, économes. On se dit que c’est inhumain de proposer un parcours aussi raide. Patiemment on arrive à la pointe de Miribel et basculons vers une longue descente vers Mégevette. Étonnamment je me sens bien, je gère bien la descente même si j’ai mal aux cuisses. Je sais qu’en bas il y a le ravitaillement du 30e et qu’il ne restera que 8 km à parcourir qui ont l’air plus faciles sur le papier. Je vais vite déchanter.
À l’approche du ravitaillement j’entends « Allez Patrice ! Allez Patrice ! », j’aperçois au loin Julie et Sandra, les épouses de Xavier et Christophe. Cela me redonne un coup de fouet. Je m’arrête, mange une banane, prends du coca, de l’eau, discute un instant avec Sandra et Julie. Elles sont au petit soin avec moi. Elles ont attendus notre passage avant de rejoindre leur prochain point de rendez-vous de leur maris.
Reboosté, je quitte le ravito et reprends ma course. On traverse le village de Mégevette sur route pendant un petit kilomètre et brusquement un virage à droite nous ramène à la réalité en nous faisant prendre à travers bois. La pente est raide, en tout cas plus que je l’imaginais. Je sens les prémisses des crampes dans les cuisses et mollets. Là commence un long calvaire où l’envie et le mental se bagarrent contre la fatigue, la douleur. Au 35e je suis séché par les crampes ; un coureur me donne un cachet de vitamine C, c’est super sympa. Je gère comme je peux, le suis et le rattraperai à 1 km de l’arrivée.
Au 38e au terme de la dernière descente, j’entends le speaker, je me dis que c’est bientôt la fin, je replis mes bâtons, et jette mes dernières forces pour arriver avec fière allure. C’était sans compter sur la capacité des organisateurs à nous rallonger le parcours d’un petit kilomètre interminable avec une dernière petite bosse qui fait mal au moral mais qui nous conduit à l’arrivée. Au passage de la ligne on ressent ce moment de délivrance et de bonheur d’avoir terminé sa course avec certes les jambes dures mais aussi le sourire et les images des magnifiques paysages dans la tête.
Le paysage était effectivement à la hauteur du parcours. Hormis la beauté du parcours lui-même, nous avions une vue imprenable sur la chaîne du Mont Blanc sous un ciel bleu. Le lac Léman était lui un peu sous la brume mais offrait malgré tout un merveilleux panorama.
Benjamin et Jennifer arrivent un quart d’heure après moi. Nous n’étions donc pas très éloignés. Ils affichent comme moi un sourire de satisfaction et grimacent aussi de douleurs musculaires.
Jennifer qui s’est peu entraînée en montagne, fait une superbe course.
Une bonne bière s’impose, nous l’avons mérité.
Après une bonne douche réparatrice à notre hôtel idéalement placé à proximité, nous revenons sur la ligne d’arrivée pour accueillir Xavier qui termine frais dans un temps canon.
Nous avons passé un merveilleux weekend en Savoie, et c’est une course magnifique bien que très exigeante.
Patrice
Les photos
Les résultats
Xavier : 50e sur 129, en 11 h 39 min.
Patrice : 106e sur 278, en 6 h 27 min.
Benjamin et Jennifer : 132e et 133e sur 278, en 6 h 44 min.